Les responsabilités de Paul Biya dans la crise anglophone
Avec l'arrivée de Paul Biya au pouvoir, les revendications des anglophones sont montées d'un cran, jusqu'à l'appel à la sécession
1982 : Paul Biya devient Président.
1983 : Biya rend obligatoire le français au General Certificate of Education (GCE, baccalauréat anglophone), alors que l’anglais ne l'est pas pour le baccalauréat francophone. Cette décision présidentielle mène à une grève des étudiants anglophones qui brandissent des pancartes sur lesquelles on peut lire: "Cameroon has two cultures: no to assimilation! «Le Cameroun dispose de deux cultures : non à l’assimilation!».
4 février 1984 : La République unie du Cameroun devient République du Cameroun par décret. Pour les responsables des mouvements anglophones, cette modification constituait une véritable attaque à leurs droits.
1985 : Premier appel à la sécession par l’avocat Gorji Dinka, qui sera emprisonné en 1986.
1990 : Création du parti social Démocratic Front (SDF). Sous la plume du Dr. For Susungi, un groupe anglophone produit un manifeste de revendications.
1992-1993 : Revendications par les enseignants et étudiants, concernant les examens, dont la notation devrait être compatible avec le modèle britannique. En 1993, création du General Certificat Examination Board.
1993-1994 : Première et deuxième éditions de l’All Anglophone Conference, en présence de John Ngu Foncha et de Solomon Tandeng Muna.
1995 : Fondation du Southern Cameroons People’s Conference (SCPC) et de la Southern Cameroons Youth League (SCYL).
1999 : Déclaration d’indépendance. De nombreux partisans sont arrêtés, dont Ebenezer Akwanga. En 2006, une autre proclamation inclut la presqu’île de Bakassi.
2013 : Création de l’Ambazonia Governing Council, dirigé par Cho Ayaba.
1er octobre 2017 : Proclamation de l’indépendance de la République fédérale d’Ambazonie, présidée par Sisiku Ayuk Tabe, arrêté au Nigeria en janvier 2018 puis extradé au Cameroun. Il a été remplacé par Samuel Ikome Sako.
Voici ce que écrivait l'écrivain Mongo Beti à propos de Paul Biya concernant les anglophones :
« Le fait est que, avec l'accession au pouvoir en 1982 de Paul Biya, le nouveau dictateur camerounais, poulain des socialistes et de François Mitterrand, commence une accélération significative de la francisation des Camerounais anglophones. A l'évidence, on a décidé en haut lieu de mettre les bouchées doubles, comme si l'on avait estimé avoir enfin les moyens politiques qui avaient manqué auparavant. Qu'est-ce à dire sinon que la mission prioritaire assignée à Paul Biya par François Mitterrand était, entre autres, d'en finir une fois pour toutes avec cette verrue anglophone, ou plutôt cette lèpre sur la face limpide de la francophonie ?
Avec Paul Biya en effet, non seulement les vexations se multiplient, mais les interventions du négus de pacotille se font plus drastiques : tentative visant à supprimer le baccalauréat anglais resté jusque-là en vigueur, exclusion de fait des anglophones de l'Ecole Polytechnique de Yaoundé, réduction autoritaire des cours dispensés en anglais à l'Université de Yaoundé, arrestation du leader anglophone Gorji Dinka détenu depuis sans inculpation, etc. Si vous voulez être de vrais Camerounais, semble-t-on dire aux anglophones, faites donc comme tout le monde, apprenez le français. », 1986 Mongo Beti (Peuples Noirs - Peuples Africains).
*avec sources : IFRI. JA.
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