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Les jeunes s'expriment dans la crise anglophone

 Les jeunes dans la crise anglophone !

Le documentaire "Uncertain Future", réalisé par l'association Adisi-Cameroun, met en lumière l'impact de la crise sécuritaire sur la jeunesse de la zone anglophone.

Une commerçante va au marché. Soudain, son taxi est arrêté par des militaires. Les ordres des hommes en tenue sont donnés, mais le chauffeur de taxi tarde à les exécuter et son véhicule s'est retrouvé criblé de balles, l'une d'elles perce le ventre de la passagère… qui perd un rein et doit désormais porter une ceinture médicale pour se déplacer.

Le documentaire "Uncertain Future" tire sa force de ses témoignages, qui rappellent la terreur qui se vit dans la partie anglophone du pays, où le pouvoir central de Yaoundé et les séparatistes (ambazonie) se livrent une sale guerre à huis-clos qui en est à sa cinquième année.

Le témoignage ci-dessus est donné par la victime elle-même devant la caméra, une des nombreuses histoires poignantes qui ponctuent le documentaire "Uncertain Future" "Avenir incertain".

Le film tourné entre octobre 2019 et janvier 2020 par l'Association pour le développement intégré et la solidarité interactive (Adisi-Cameroun) souligne le lourd tribut payé par les jeunes de la région. Alors que le monde fait la sourde oreille, il rappelle aux autorités nationales et internationales la nécessité d'un retour rapide à la paix dans cette zone.

Menaces, meurtres, enlèvements suivis de demandes de rançon, déportations forcées, maisons incendiées, fractures économiques, abandons scolaires forcés… La violence prend plusieurs formes. Et, selon les producteurs du documentaire, les jeunes (75% de la population) sont les principales cibles des séparatistes, qui les obligent à rejoindre leur propre camp – ou les éliminent s'ils refusent de s'y soumettre.

Le film « est l'une des nombreuses manières d'exprimer ce que nous vivons dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest afin de rechercher des solutions durables à la crise en cours », explique Bertrand Abongwa, le narrateur principal du film. Lui-même n'a pas, malgré les pressions, quitté le Nord-Ouest comme beaucoup d'autres jeunes et garde espoir d'une pacification dans un avenir proche.

Il n'y a pas de longs monologues d'experts, ni de « personnages », mais de vrais témoins, nombreux, qui parlent souvent à visage découvert et racontent leur propre histoire. La langue n'est pas un obstacle à la compréhension : les intervenants parlent français et anglais, et le court-métrage est disponible dans les deux versions, avec sous-titres.

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