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Affichage des articles du août, 2024

Quand le président Ahidjo ne voulait pas de réunification avec le Southern Cameroon (actuelles régions Nord-Ouest, Sud-Ouest)

Ahmadou Ahidjo nourrissait en privé de graves réserves à l’égard du projet réunificateur à une époque où l’économie des territoires britanniques, beaucoup plus anémiée, risquait de compromettre les initiatives de développement de la jeune nation camerounaise. Ahidjo redoutait par ailleurs le résultat qui eut lieu, à savoir la réunification avec le seul Cameroun méridional, susceptible de détruire l’équilibre fragile qu’il avait pu instaurer entre le nord musulman et le sud chrétien et animiste du Cameroun francophone – sans compter les craintes relatives à l’inclusion des populations bamiléké du Cameroun méridional, réputées favorables à l’UPC et dont la domination politique et économique suscitait méfiance et soupçons. Du côté de la France, elle n'en voulait pas de cette réunification, elle craignait que les référendums au Cameroun britannique ne viennent perturber un climat encore explosif. Daniel Essissima / Archives

La genèse cachée de la crise anglophone

Convaincus de la non-viabilité économique du territoire, le gouvernement britannique conclut entre 1959 et 1960 qu’une indépendance séparée pour le Cameroun méridional mènerait nécessairement à l’instabilité politique et économique de la région. À cette époque, le statut de small territory au sein du Commonwealth n’avait pas été accepté par peur d’infiltrations communistes en Afrique. De plus, pour Londres, les relations avec le Nigeria et la France étaient centrales et l’hypothèse d’un micro-État du Cameroun méridional semblait à la fois irréaliste et dangereuse car il leur aurait déplu (Torrent, 2011). John Ngu Foncha et le Kamerun National Democratic Party (KNDP) s’étaient prononcés publiquement en faveur d’une réunification qui rassemblerait un peuple camerounais séparé par le brutal partage territorial opéré par les puissances européennes. Mais, au tournant de l’année 1961, le Premier ministre régional espérait toujours qu’une indépendance séparée, ne serait-ce que temporaire, acc...